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Herbes couramment utilisĂ©es au Moyen Ăge.
La connaissance des propriĂ©tĂ©s curatives et des pouvoirs magiques des plantes remonte probablement Ă lâaube de lâhumanitĂ©.
Au Moyen Ăge, les milieux vĂ©gĂ©taux fournissaient non seulement les Ă©lĂ©ments nĂ©cessaires Ă lâalimentation humaine et animale, mais Ă©taient au cĆur dâun systĂšme complexe de relations entre environnement et sociĂ©tĂ©. Au quotidien, divination, rĂ©confort, protection, guĂ©rison, mal...
Des centaines de substances sont utilisées pour créer des onguents, des potions et des aphrodisiaques...
Elles nourrissent des savoirs empiriques anciens ou des superstitions tenaces... Pharmacopée et magie sont étroitement liées.
Preuve avec huit exemples.

âą Le Datura : MĂ©fiez-vous de cette plante solanacĂ©e aux fleurs en forme de trompette, qui servait Ă fabriquer des onguents destinĂ©s Ă provoquer des transes, des hallucinations et des sensations de suspension (comme on le sait aujourd'hui, cette plante vĂ©nĂ©neuse contenait de la scopolamine, qui peut vous faire perdre la volontĂ© et la mĂ©moire des faits aprĂšs en avoir pris). Ăgalement considĂ©rĂ© comme aphrodisiaque, la datura pourrait ĂȘtre Ă l'origine des visions fantastiques grouillant de boucs et de dĂ©mons lubriques dont les procĂšs de sorcellerie font grand cas.( attention toxique et dangereuse. )

âą Le Millepertuis : MentionnĂ© dans les Ă©crits de Dioscoride (un mĂ©decin grec des armĂ©es de NĂ©ron), Galien, Pline l'Ancien, Hippocrate et Parcelse, le millepertuis, alias "l'herbe de Saint-Jean" (la lĂ©gende voulant que cette simple soit nĂ©e du sang de Saint-Jean-Baptiste) est surtout utilisĂ© au Moyen Ăge pour soulager les embarras digestifs, traiter les brĂ»lures, les problĂšmes urinaires, les douleurs menstruelles, l'anĂ©mie... Cueilli au matin de la Saint-Jean, au plus fort des influences solaires, il passe Ă©galement pour repousser l'esprit des tĂ©nĂšbres et guĂ©rir les possĂ©dĂ©s.( photosensibilisant , et a ne pas prendre sans avis mĂ©dical )

âą La Sauge : Salvia (je sauve). Son nom latin en dit long sur le crĂ©dit dont elle jouit depuis les temps les plus reculĂ©s. Dans la pharmacopĂ©e mĂ©diĂ©vale, la sauge est la plante reine des convalescents. Elle combat les sueurs, le manque d'appĂ©tit, la dĂ©pression physique et morale... TrĂ©s en vogue Ă l'Ăcole de Salerne (l'Ă©cole de mĂ©decine la plus importante du Moyen Ăge) on dit de cette labiacĂ©e que "si son usage ne rend pas l'homme immortel, c'est qu'il n'y a point de remĂšde contre la mort".( dĂ©conseillĂ© aux femmes enceinte )

âą La Mandragore : L'une des "armes" les plus redoutĂ©es de l'arsenal magique, Ă manier avec d'infinies prĂ©cautions, comme la belladone. RĂ©putĂ©e croĂźtre au pied des gibets oĂč le sperme des pendus innocents la fĂ©conde, cette espĂšce de solanacĂ©e (dont la racine bifide, qui peut atteindre 60 cm de long Ă©voque par sa forme les jambes d'un corps humain) pousse un cri terrifiant quand on veut l'arracher et ceux qui cherchent Ă s'en emparer son foudroyĂ©s ! MalgrĂ© son exĂ©crable image de marque, la mandragore met parfois ses pouvoirs au service du Bien et assure prospĂ©ritĂ© et fertilitĂ© et protection. Ă la Renaissance, ses alcaloĂŻdes seront utilisĂ©s comme anesthĂ©siques par Ambroise ParĂ©

⹠La Jusquiame : Une multitude de légendes et de croyances s'attachent à cette cousine velue, visqueuse, narcotique et calmante de la mystérieuse mandragore. "Ceux qui en mangent sortent hors du sens, pensent qu'on les fouette par tout le corps, bégayant de la voix, bramant comme des ùnes et hennissant ainsi que des chevaux", commente au XIe siÚcle le médecin et philosophe perse Avicenne. Maléfique, la jusquiame fait partie des plantes entrant dans la préparation des breuvages et pommades qui emmÚnent les sorciÚres au sabbat. Bien que dangereuse, les "chirurgiens" utilisent toutefois ses graines pour calmer les rages de dents.( attention , toxique !!!! a manier avec prudence )

⹠L'Angélique : Baptisée la "racine des anges" par le médecin suisse Paracelse (1493-1541), cette ombélifÚre est parée de toutes les vertus : un cataplasme de ses fleurs fraßches bouillies ou macérées dans de l'huile, dit-on, neutralise les venins, sa poudre ingérée dans une boisson apaise les troubles de l'estomac, les diarrhées, les toux, les grippes et les rhumes.

⹠L'Hellébore : "Ma commÚre, il faut vous purger avec quatre grains d'héllébores", dit le liÚvre à l'insensée tortue qui prétend se mesurer à lui dans la Fable de La Fontaine. Qualifué de fétide en raison de l'odeur repoussante qu'elle dégage quand on la touche, l'hellébore, alias "herbe aux fous", passe pour soigner les dérangements cérébraux. Cet usage perdurera jusqu'au XIXe siÚcle.

âą L'Armoise : Connue depuis l'AntiquitĂ© pour ses propriĂ©tĂ©s emmĂ©nagogues (facilitant les rĂ©gles), l'armoise, au Moyen Ăge, a la rĂ©putation d'Ă©loigner les dangers qui menacent le pauvre monde. "Celui qui porte toujours sur lui de cette herbe ne craint point le mauvais esprit, ni le poison, ni le feu et rien ne peut lui nuire", Ă©crit au XIIIe siĂšcle la savant et thĂ©ologien Albert le Grand. Cette plante herbacĂ©e entre aussi dans la composition des philtres destinĂ©s Ă "dĂ©nouer l'aiguillette", un malĂ©fice qui frappe d'impuissance les jeunes Ă©poux.